Les métaux industriels (dont le Nickel) s’offrent leur meilleur début d’année en 11 ans…

Article des Echos du 01/03/2019 de Muryel Jacque
« Les investisseurs sont moins focalisés sur la querelle commerciale entre Etats-Unis et Chine et bien davantage sur la faiblesse des stocks mondiaux.
Les métaux n’avaient pas connu pareil début d’année depuis la crise financière. Ensemble, les cours du cuivre, de l’aluminium, du zinc et du nickel, regroupés dans l’indice Bloomberg des métaux de base, ont rebondi de 12 % en deux mois. Il faut remonter à 2008 pour rencontrer une telle ascension des prix sur les marchés mondiaux. Après leur plongeon de l’an dernier, les métaux reviennent donc à leurs plus hauts niveaux depuis juillet.
Les causes de ce radoucissement sont multiples. Les investisseurs se montrent d’abord moins préoccupés par les conséquences de la joute commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine sur l’économie mondiale. Non pas qu’elles soient moindres, mais elles sont désormais intégrées dans les cours, qui ont chuté de 20 % en 2018. Ils parient aussi sur un redressement de l’économie chinoise, première consommatrice de métaux de la planète, après des mois de ralentissement, et des statistiques décevantes.
« Les mesures de relance économique massives prises par le gouvernement et la banque centrale devraient avoir un impact et soutenir les prix dans les mois à venir », estiment ainsi les analystes de Commerzbank. L’attente est comparable chez les spécialistes de Jefferies. « L’effet cumulé des mesures de soutien annoncées et d’une possible baisse du taux directeur dans un futur proche[dernière baisse en 2015]devrait entraîner une reprise de la demande au second semestre », prévoient-ils. Cette reprise devrait coïncider en outre avec une croissance de l’offre quasi-nulle de la plupart des matières premières.
Des stocks qui se vident
La hausse des cours des métaux pourrait donc ne pas s’arrêter là. Les grands producteurs se montrent d’ailleurs optimistes. Car ils pointent un autre élément qui prend de l’ampleur : la très nette réduction des stocks.
Le patron de Glencore, un des plus grands groupes miniers et de négoce, n’a pas hésité à le souligner en marge de la présentation des résultats annuels du groupe la semaine passée. « Si vous regardez un peu partout dans le monde, nous sommes à des niveaux historiquement bas pour de nombreuses matières premières », a commenté Ivan Glasenberg, cité par le « Financial Times ». « Dans le cuivre, nous avons treize jours d’approvisionnement en réserve. Les stocks de zinc sont au plus bas, avec huit jours d’approvisionnement et le nickel avec trente-quatre jours », a-t-il détaillé. Le constat est identique, que ce soit dans les entrepôts gérés par le London Metal Exchange (LME), le Comex ou le Shanghai Futures Exchange.
Le cuivre reste le cas le plus criant. Les stocks de métal rouge du LME n’ont pas été aussi faibles depuis 2005. Les cours ont grimpé de 10 % depuis janvier, à plus de 6.500 dollars la tonne. Et la situation est appelée à durer : la production minière n’augmentera pas cette année. « Un certain nombre de perturbations actuelles et potentielles sont en train d’émerger, en particulier en Afrique après les hausses de taxes minières », explique Ian Littlewood, analyste chez Barclays. Si 2018 a été relativement anodine, poursuit le spécialiste, « un retour à des perturbations minières majeures cette année pourrait faire monter les cours plus haut que nous le prévoyons, jusqu’à 7.000 dollars par tonne ». »